La France, les femmes et le pouvoir, vol. 1

Eliane VIENNOT

1. l’invention de la loi salique (Ve-XVIe siècles)

Paris, Perrin, 2006, 765 p., 27 euros

Dernier des grands pays occidentaux à avoir accordé le droit de vote aux femmes, la France peine toujours à leur faire de la place dans les positions décisionnelles, malgré une législation originale et apparemment courageuse… Parfois attribuées à un mystérieux «retard français», les raisons de cette situation font surtout, aujourd’hui, l’objet d’un tabou.De fait, l’exception française ne date pas d’hier, et elle n’a pas toujours eu le visage qu’on lui connaît. Du début à la fin du Moyen Âge, ce pays se signalait même plutôt par un ample partage des responsabilités entre les sexes; un partage jugé incongru par les troupes d’hommes grossissantes qui s’investirent dans la construction de l’État et le commentaire de la vie politique, et qui surent gagner à leur point de vue des groupes de plus en plus nombreux. C’est dans cette longue histoire, jamais faite, que nous entraîne ce livre. Son premier volume revisite les onze siècles qui vont de la fondation du royaume par les Francs Saliens (pères prétendus de la disposition empêchant les femmes d’hériter et de transmettre la couronne, la fameuse «loi salique»), jusqu’à la prise du pouvoir par HenriIV (parvenu sur le trône au nom de cette disposition). Non moins remarquable que l’extraordinaire mélange de travail, d’ingéniosité et de hasard qui aboutirent à la fabrication puis à l’adoption de cette imposture, apparaît à cette occasion l’étonnante résistance de larges secteurs de la société française aux «progrès» de la domination masculine. Les acteurs et actrices de ce long conflit constitutif de l’identité française méritaient à coup sûr d’être redécouverts, comme les stratégies dont ils ont usé –et qui sont parfois toujours à l’œuvre dans la France d’aujourd’hui.
Éliane Viennot est professeure à l’Université de Saint-Étienne et membre de l’Institut universitaire de France. Elle a consacré de nombreuses études aux relations entre les femmes et le pouvoir et préside aujourd’hui la Société Internationale pour l’Étude des Femmes de l’Ancien Régime (www.siefar.org). Elle travaille à cette recherche depuis une dizaine d’années.

Table des matières et présentation détaillée sur le site : http://www.elianeviennot.fr/FFP.html