Femmes de Dieu et Révolution Française dans le diocèse de Poitiers

Gwénaël MURPHY

Thèse en histoire et civilisations – Dir. arlette farge, ehess, janvier 2003

Jury : J.C.Martin, D.Godineau, P.A.Fabre, J.Peret, 2 vol., 880f.
Mention très honorable avec les félicitations du jury à l’unanimité.


Cette étude propose de reconstituer les trajectoires des religieuses du diocèse de Poitiers qui, au nombre de mille cent, vécurent l’époque révolutionnaire. Il s’agit ici, en alliant les méthodes de la micro-analyse, de la proposopographie, de l’histoire du quotidien et des études statistiques, de comprendre sur un corpus précis et signifiant quels furent les choix des femmes entrées au couvent sous l’Ancien Régime et présentes au moment où éclate la Révolution Française. Souhaitant non pas contredire ce qui est déjà connu mais surtout le compléter, ce travail tente de montrer, par le croisement de toutes les sources possibles, que les religieuses ne furent pas unanimes dans leurs attitudes et que la majorité penche finalement du côté de celles qui acceptèrent ou se résignèrent à leur sécularisation. Affirmation qui ne fut pas un postulat de départ mais un constat final. Par ailleurs, nous souhaitions montrer comment la Révolution fut vécue par des femmes « ordinaires » et quels changements elle put provoquer dans leur quotidien.

La thèse se découpe en cinq chapitres. Le premier présente de façon la typologie et la sociologie des religieuses poitevines à la fin de l’Ancien régime. Le second se concentre sur la période 1789-1792, celle où le « bruit du monde » et « l’odeur du siècle » commencent à transpirer des murs des couvents, entre les émeutes populaires, les intrusions des autorités et les sorties volontaires, jusqu’aux fermetures des communautés. Le troisième tente d’appréhender les prises de position « politiques » des ex-religieuses pendant l’interdiction des couvents (1792-1798) : soumission, adhésion, résignation, refus passif ou ostentatoire, indifférence relative. Le quatrième chapitre est plus transversal, il aborde la Révolution « quotidienne », soit l’ensemble de ce qui n’aurait jamais du se produire dans la vie de ces femmes sans l’événement révolutionnaire : les rencontres, les changements matériels ou le rapport au corps. Enfin le dernier chapitre s’attache à l’époque post-révolutionnaire, à travers l’étude de la reformation ou non des couvents, du retour ou non à la vie religieuse, des trajectoires des femmes sécularisées et de leurs enfants ainsi que de la mémoire de l’événement dans les communautés féminines jusqu’à la fin du XXème siècle.

Paru en version allégée aux éditions Bayard en janvier 2005.